Question

Relations avec la Sotoshu Shumucho.

Dans une réponse à la question de savoir si sa sangha était reconnue par la Sotoshu au Japon,Maitre Kosen Stéphane Thibaut a émis des jugements négatifs sur l’attitude des enseignants de l’AZI et la mienne en particulier fondés sur des informations erronées. Je demande donc la publication de la mise au point suivante qui sera faite en première personne car en ce domaine spirituel chacun doit prendre sa responsabilité.
Je n’ai pas trahi la lignée de Maitre Deshimaru qui figure toujours sur les ketsumyaku que je remet lors des ordinations. Je crois plus que jamais à la valeur universelle de son enseignement. L’AZI prépare d’ailleurs un colloque pour le quarantième anniversaire de sa mission en juin 2007 à La Gendronnière.
Comme le souhaitait Sensei Deshimaru nous nous sommes harmonisés avec la Sotoshu en suivant les sesshin qui nous ont permis d’être reconnu officiellement
Dendokyoshi :enseignants du Zen soto hors du Japon. A aucun moment, il ne nous a été demandé de suivre le « zen japonnais », ni d’en adopter toutes les règles et les rites.
Les deux représentants de la Shumucho venus en Europe depuis 2002 nous ont encouragé à créer nos propres règles et c’est ce que nous faisons en nous inspirant de la tradition comme le faisait Sensei Quant à Kodo Sawaki il appartenait à la Sotoshu et a même eu des fonctions d’enseignant dans le cadre de cette école. Il a ordonné de nombreux moines reconnus par la Sotoshu .
Maitre Deshimaru demandait à la Sotoshu d’adapter ses règles pour tenir compte de la réalité occidentale et c’est ce que nous sommes en train d’obtenir. Mais pour cela il faut dialoguer et non se retirer dans une attitude de mépris.
Signalons que la Sotoshu Shumucho n’est pas un organisme étatique mis en forme à la fin de la deuxième guerre mondiale sur la demande du gouvernement fasciste. Elle a été crée vers 1870 par les zenji d’Eiheiji et Sojiji pour harmoniser les deux branches du zen soto au Japon.
La Sotoshu ne nous a pas imposé ses règles ni ne s’est appropriée La Gendronnière.
Il y aurait encore beaucoup à dire pour rectifier les allégations de Stéphane. Mais pour en venir à ce qui le préoccupe concernant ses ordinations,je n’en ai jamais contesté la valeur ni suggéré la nécessité de se faire ré-ordonner. J’ai accepté de réordonner quelques moines et nonnes qui souhaitaient ainsi confirmer qu’ils étaient devenus mes disciples et être reconnus comme tels par la sotoshu. Cette nouvelle ordination exprime leur foi dans le Dharma transmis dans une vraie relation de maître et disciple.
Roland Yuno Rech

Réponse de Maitre Kosen

Dans une réponse à la question de savoir si sa sangha était reconnue par la Sotoshu au Japon, Maitre Kosen Stéphane Thibaut a émis des jugements négatifs sur l’attitude des enseignants de l’AZI et la mienne en particulier fondés sur des informations erronées. Je demande donc la publication de la mise au point suivante qui sera faite en première personne car en ce domaine spirituel chacun doit prendre sa responsabilité.

Si je comprends bien, tu n’es donc pas forcément solidaire des autres enseignants de l’AZI tout comme ceux-ci ne sont pas nécessairement solidaires de toi.
Je n’ai pas trahi la lignée de Maitre Deshimaru qui figure toujours sur les ketsumyakus que je remets lors des ordinations.

Encore heureux !!!
Je crois plus que jamais à la valeur universelle de son enseignement.L’AZI prépare d’ailleurs un colloque pour le quarantième anniversaire de sa mission en juin 2007 à La Gendronnière.

Quelle bonne nouvelle, je suppose que je vais être invité. J’ai des choses intéressantes à dire sur l’universalité de son enseignement.
Comme le souhaitait Sensei Deshimaru nous nous sommes harmonisés avec la Sotoshu en suivant les sesshin qui nous ont permis d’être reconnu officiellement. Dendokyoshi : enseignants du Zen soto hors du Japon .A aucun moment il ne nous a été demandé de suivre le « zen japonais »,ni d’en adopter toutes les règles et les rites.

Excuse-moi, mais je parle de s’harmoniser en tant que disciples de Deshimaru, c’est-à-dire de rester courtois et respectueux, de commémorer de temps en temps un petit anniversaire, mais pas de devenir moine sotoshu. Ca fait plus de trente ans que nous enseignons le zen hors du Japon et cela, sur la demande de Deshimaru lui-même. Je ne vois pas en quoi il aurait pu souhaiter qu’après tout ce temps, on aille quémander l’autorisation de le faire en pratiquant, qui plus est, une sesshin avec Harada. Tout le monde sait que le but premier de ces tokubetsusesshins est d’apprendre les manières japonaises afin d’enseigner un zen sotoshu hors du Japon. D’ailleurs, quand vous en êtes sortis, la première chose que vous avez faites a été de changer les règles et manières d’antan, y compris celle de chanter l’hannyashingyo qu’on susurre maintenant au Dojo de Paris, au lieu de le chanter fortement comme sensei nous l’avait appris. Sensei n’a jamais souhaité une telle harmonisation et s’il l’avait souhaité, il nous aurait appris tout ça de son vivant, ou aurait fait venir un spécialiste du japon pour nous l'inculquer. Il a eu quinze années pour le faire, et s’il ne l'a pas fait, c’est qu’il ne le jugeait pas important, voire même parasite par rapport à l’essentiel de son enseignement.

Comme tu le dis, le zen de Deshimaru est universel, mais aussi bien en qualité qu’en quantité, il est justement dosé et garde l’essence simple et directe. Il est universel, au delà du temps et de l’espace, il est patrimoine de l’humanité et l’on n'a pas assez d’une vie pour en approfondir la portée et la profonde signification. C’est autrement plus précieux que d’être reconnu par la sotoshu. Quand tu penses que le kaikyosokan qui est, je le précise pour les lecteurs, le garant attitré de la sotoshu pour le zen occidental, n’est même pas un disciple de Deshimaru, alors que celui-ci en est le fondateur, c’est la honte.
Les deux représentants de la Shumucho venus en Europe depuis 2002 nous ont encouragé à créer nos propres règles et c’est ce que nous faisons en nous inspirant de la tradition comme le faisait Sensei .

Les deux représentants de la Shumucho, c’est quoi, c’est des bœufs-carottes ? Police des polices ? Ils vous encouragent à créer vos propres règles à partir des règles de la sotoshu et pas par rapport à celles de Deshimaru.

À partir des formes simples de Deshimaru, il est évident que le maître peut apporter sa propre touche. J’ai moi même modifié des trucs comme par exemple, on fait neuf prosternations devant la guenmai le matin, ça nous rend heureux et renforce notre foi.
Quant à Kodo Sawaki il appartenait à la Sotoshu et a même eu des fonctions d’enseignant dans le cadre de cette école. Il a ordonné de nombreux moines reconnus par la Sotoshu .

On sait bien qu’au Japon il n’y a pas un cm2 de tatami zen qui ne soit sous le contrôle de la shumusho ou sotoshu. Il va sans dire que l’Université de Komasawa où Kodo a enseigné aux jeunes étudiants et le temple de sojiji où il à été éducateur de zazen n’échappent pas à la règle. Ca n’est pas pour autant qu’il peut être dit qu’il « appartenait » à la sotoshu, ne jouons pas sur les mots. Tout le monde est obligé de payer son parcmètre, sans pour autant se sentir obligé de voter Sarkozi.

Je me souviens qu'Etienne, il y a quelques années de cela, avait publié une interview de Kosho Murakami, qui avait été disciple de Kodo Sawaki depuis 1957, secrétaire de ce dernier à partir de 1959 et l’avait suivi jusqu'à sa mort. Je cite quelques-uns de ses mots: - Quand Sawaki se fâchait sa voix devenait terrible et faisait tout trembler autour de lui.[…] Maintenant au japon, plus personne ne suit la voie de Kodo, son style de vie […] Aujourd’hui les vraies moines sont rares. Kodo n’aimait pas eihei ji.

Qu’appelez vous le « style de Kodo Sawaki » ?

La vraie religion ne peut vivre dans les temples. Kodo a eu une enfance dure, orpheline, recueilli par un parent gangster. C’est pourquoi il fut capable de comprendre profondément la souffrance des autres […] Le vrai moine est comme un tigre dans la forêt. Ceux qui vivent dans les temples ne vivent pas comme le Bouddha. Kodo ne permettait pas à ses disciples de suivre la voie des temples.

Je n’ai reçu que l’ordination de moine, et n’ai reçu le shiho d’aucun autre maître, car je n’en ai pas rencontré d’autre que Kodo. Je n’appartiens pas à l’organisation sotoshu, je trouve que le mieux est d’être indépendant. Cela ne m’intéresse pas d’obtenir des diplômes, ce qui importe aujourd’hui est de suivre l’esprit du Bouddha. Il faut être directement disciple du Bouddha, pas à travers le shiho formel.

La vraie shiho c’est d’accepter le dharma d’un vrai maître.

[…] Kodo Sawaki a eu de nombreux disciples, mais un seul a reçu la vraie transmission et a continué son style.

Uchiyama Kosho a changé son style. Narita Roshi a un grand temple, il est dans l’organisation sotoshu et fait ce qu’il peut dans ce cadre: il fait zazen avec des hommes d’affaires.---------------Voilà, j’espère, de quoi éclairer les disciples./
Maitre Deshimaru demandait à la Sotoshu d’adapter ses règles pour tenir compte de la réalité occidentale et c’est ce que nous sommes en train d’obtenir. Mais pour cela il faut dialoguer et non se retirer dans une attitude de mépris.

Encore une fois je ne suis pas d’accord. Sensei n’a jamais demandé ce genre de choses à la sotoshu, et que vous, 30 ans après, soyez en train de négocier pour obtenir ce genre de permission là, alors que vous avez déjà tout reçu, c’est ridicule. D’accord qu’il faille dialoguer pour créer la réalité du zen en occident, encore faudrait-il que je sois invité à le faire. Quant à négocier l’enseignement du maître, c’est une autre affaire.
Signalons que la Sotoshu Shumucho n’est pas un organisme étatique mis en forme à la fin de la deuxième guerre mondiale sur la demande du gouvernement fasciste.Elle a été crée vers 1870 par les zenji d’Eiheiji et Sojiji pour harmoniser les deux branches du zen soto au Japon.

Que la sotoshu soit ou non un organisme officiel de l’état, qu’il ait été créé durant la restauration de Meiji qui débuta en 1868, durant la dictature de l’ère Taisho qui marqua la pause entre deux guerres mondiales, lors de l’expansionnisme japonais qui déclina sérieusement de 1942 à 1945 ou encore aux lueurs de l’internationalisme occidental de la fin du 20ème siècle ne change rien au fait que la sotoshu, depuis sa création par Keizan au 14éme siècle, n’a eu pour cesse de remanier sa vision du dharma pour survivre notamment aux pressions sociales d’ordre d’abord shogunal, puis impérial. Une publication de la sotoshu shumucho datant de 1995 "Sotoshu shusei sogo chosa hokokusho" consignant les modifications statutaires de cette époque ne fait aucunement mention des objectifs réunificateurs que Roland a présenté en droit de réponse ; on lui laissera, de bonne foi et étant donné l’abondante littérature japonaise sur le sujet, le bénéfice du doute.

Je précise pour les lecteurs, que les remaniements qui prirent usage à cette époque visaient, si l’on s’en réfère aux travaux de Yasuaki Nara, le statut social des abbés et plus précisément leur accession au mariage et à un travail extérieur à la communauté. Ces modifications furent adoptées également de manière à repositionner la sotoshu vis-à-vis des droits de l’homme et de l’environnement. Un remaniement doctrinal a en effet été mis en place de manière à limiter les phénomènes préoccupants de discrimination des classes villageoises marginales par les prêtres.

Il est aujourd’hui devenu évident, ce qui est d’ailleurs reconnu par la plupart des responsables de la spiritualité bouddhiste si je me réfère aux dires de Roland ou à ceux de Nichijima publiés sur le net en mars 1999 ainsi que par la sotoshu elle-même qui le confessa en 1992, que cette éthique n’a pas su résister aux pressions gouvernementales qui débutèrent dès le début du 20ème siècle, ni même à celles de l’AZI qui a donc, comme le mentionne Roland dans son droit de réponse, su obtenir des adaptations occidentalisantes de ce zen japonais en mal d’évolution.

Il faut comprendre que la Sotoshu a généralement eu pour objectifs d’institutionnaliser des règles et d’opérer des remaniements de celles-ci au fil des temps pour répondre à la demande d’organismes plus influents. En 1999, la nouvelle sotoshu a été formée de l’union de trois instituts, de manière notamment à répondre à des lacunes concernant le déroulement de certaines cérémonies, comme par exemple, et ce fut son premier centre d’intérêt, les rituels funéraires. Mourrez bien, mourrez « Sotoshu », en somme.
La Sotoshu ne nous a pas imposé ses règles ni ne s’est appropriée La Gendronnière.

Si l’esprit de Deshimaru était encore vivant à la Gendronnière, il ne me serait pas interdit d’y pratiquer de temps en temps avec mes disciples.
Il y aurait encore beaucoup à dire pour rectifier les allégations de Stéphane. Mais pour en venir à ce qui le préoccupe concernant ses ordinations,je n’en ai jamais contesté la valeur ni suggéré la nécessité de se faire réordonner.

Voici pourtant le témoignage que j’ai reçu de quelqu’un qui pratique dans ton dojo de Nice :
Donc au dojo de Nice, Roland a beaucoup parlé de ça y'a 3 ou 4 mois à ses disciples : de l'importance pour lui d'être enregistré comme maître zen à la Sotoshu à Milan et que ses disciples se fassent enregistrer comme moines ou nonnes et comme étant ses disciples, à la Sotoshu aussi.

Il a demandé, suggéré plutôt à chacun de réfléchir à ça et presque tous l'ont fait.

A moi, il m'a dit : tu fais comme tu veux, mais si tu veux être enregistrée et reconnue comme nonne au Japon, tu devras te faire réordonner par moi, parce que Stef n'a pas voulu être enregistré à la Sotoshu comme maître, et donc ses disciples ne sont pas reconnus comme moines au Japon.

Je lui ai répondu : "Je ne peux pas renier mes ordinations, Stéphane m'a ordonnée 2 fois : bodhisattva et nonne et c'étaient de vraies ordinations. Stéphane est vraiment mon maître et je suis fière d'avoir été ordonnée par un tel maître."

Mais y'a pas de problème. Roland m'a dit : "Ca change absolument rien entre nous que tu ne te fasses pas ré-ordonnée par moi."
J’ai accepté de réordonner quelques moines et nonnes qui souhaitaient ainsi confirmer qu’ils étaient devenus mes disciples et être reconnus comme tels par la sotoshu. Cette nouvelle ordination exprime leur foi dans le Dharma transmis dans une vraie relation de maître et disciple.

Roland Yuno Rech

Moi non plus, je ne conteste pas la sincérité et le droit des disciples à te suivre à part entière comme leur enseignant, même s’ils ont reçu l’ordination de ma part, mais encore une fois la sotoshu vient compliquer les choses, en t’obligeant à proposer un contrat à double clause : ordination dans le dharma et affiliation au zen japonais. Le fait que ces personnes aient besoin d’une certification extérieure supplémentaire et qu'ils ne se satisfassent pas de la certification universelle me pousse à douter de la profondeur de cette relation de maître à disciple et de l’enseignement qui y est associé.

Sariputra, Mokuren, anandha, donnaient des ordinations du vivant de Shakyamuni Bouddha.

Ces personnes n’allaient pas par la suite se faire réordonner, même pas par le Bouddha en personne. Elles se considéraient comme moines et nonnes dans le dharma. Cela montre bien que les ordinations ne sont, ni un contrat nominatif impliquant de suivre une personne en particulier, ni une clause d’enregistrement à une organisation. Pour cette raison, je pense que le choix que vous avez fait nuit à l’éthique que nous a transmise notre maître et qu’il avait reçu lui-même de Maitre Kodo Sawaki et que nous avons la responsabilité de transmettre à notre tour.

Quoi qu’il en soit, et pour conclure, mon cher Roland, je suis très heureux et honoré d’avoir pu obtenir cette discussion profonde avec toi et que nous ayons pu, par là même, exprimer nos idées sincères sur un sujet qui me semble important.

Ceci dit, je souhaite que les lecteurs ne prennent pas cet échange entre nous comme une compétition où il y en aurait un des deux qui a raison, car je sais très bien au fond de moi-même, que le travail que tu fais est fait dans la plus grande sincérité et je sais très bien que Sensei souhaitait que tu occupes cette place et que tu accomplisses cette tâche.

Même si j’exprime un aspect de Deshimaru et toi un autre, qui peuvent paraître différents voir même parfois antagonistes, il faut, malgré tout, que les gens comprennent la dimension de notre maître et son universalité véritable et par là même qu’ils puissent embrasser les contradictions apparentes.

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